Petite Place et grande prostitution

Publié le par MonVersailles

petite place notre-dame versailles prostitution prostituéesSaviez-vous que l'actuelle résidence Petite Place, coincée entre la Place d'Armes et la cour d'appel, fut un haut lieu de la... prostitution versaillaise jusqu'en 1945 ?
Le célèbre historien de Versailles, Jacques Villard, s'est intéressé il y a quelques années, à ce côté méconnu de l'histoire de notre cité. Et y a découvert des choses suprenantes.

L'essor de cette industrie un peu particulière commence véritablement au milieu du XIXème, quand l'arrivée massive de garnisons militaires entraîne avec elles l'afflux de prostituées. Deux endroits sont "choisis" : les carrés Saint-Louis et la Petite-Place.
Certaines filles travaillent alors chez un "patron", qui doit recevoir l'autorisation municipale et préfectorale pour organiser ce type de commerce. D'autres sont libres, sans être inquiétées par la police.
Il existe des règles très strictes : tenue à une certaine distance des églises et des écoles ou rideaux obligatoires sur les fenêtres, par exemple.
En 1855, les maisons de tolérance de Saint-Louis sont toutes transférées à Notre-Dame, l'objectif étant de mieux contrôler ce commerce. Mais depuis l'arrivée de la statue de l'abbé de l'Epée, la présence des filles fait aussi un peu désordre...

A Petite-Place, on trouve 14 maisons closes, de 3 classes différentes, la dernière étant la plus miséreuse, avec son lot de maladies (dont la célèbre syphilis).
En 1860, on y compte environ 112 filles recensées, toutes originaires des milieux les plus pauvres et âgées de 20 à 50 ans. Mais plus de 300 exercent clandestinement, souvent hébergées par des militaires.

Les conditions sanitaires sont déplorables, malgré l'arrivée en 1857 d'un petit dispensaire et l'envoi systèmatique des filles malades à Richaud.
Les clients les plus touchés par les maladies sont bien sûr les militaires, ce qui provoqua l'embarras de l'armée.

Le plus drôle fut la pétition lancée par les jeunes versaillais pour demander à la municipalité d'abroger un arrêté les obligeant à s'habiller en "bourgeois", et non pas en uniforme scolaire, lorsque "la nature excitait trop leur désir et qu'ils sentaient la nécessité de les satisfaire".

La dernière prostituée respectant la législation, c'est-à-dire en se tenant éloignée des écoles et des lieux de cultes, exerçait le plus vieux métier du monde encore à la fin des années 90, sur la route de Buc.

Merci à Jacques Villard et aux Nouvelles de Versailles

Publié dans Quartier Notre-Dame

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